Figures marquantes de notre histoire : Maurice Duplessis (1890-1959)

2 fév 2021

Maurice Duplessis a dirigé le Québec de 1936 à 1939, puis de 1944 à 1959. Pour plusieurs, l’homme politique a été l’incarnation de ce que l’historiographie a longtemps reconnu comme la « Grande Noirceur ». Pour d’autres, Duplessis a été, au contraire, l’éveilleur de la conscience québécoise, la figure par excellence d’un nationalisme combatif. L’historien doit-il trancher entre ces deux images? Jonathan Livernois, auteur de La révolution dans l’ordre. Une brève histoire du duplessisme (Boréal, 2018), tentera d’offrir ici une perspective innovante sur ce personnage dont on n’a jamais véritablement tout dit, tout en rappelant que, quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, cet homme a été élu 5 fois par les Québécois. Cela appelle bien quelques explications.

Date : 2 février 2021 à 19 h
Invité : Jonathan Livernois, historien
Animateur : Éric Bédard, historien
Lieu : En webdiffusion

À propos de Jonathan Livernois

Jonathan Livernois est professeur agrégé au Département de littérature, théâtre et cinéma de l’Université Laval. Spécialiste de l’histoire littéraire et intellectuelle des XIXe et XXe siècles québécois, il s’intéresse notamment au processus d’autonomisation de la littérature, aux déplacements des frontières du littéraire et à l’usage de la littérature chez les politiciens québécois (CRSH, 2016-2021). Il s’intéresse également aux phénomènes culturels de résurgence du refoulé de la Révolution tranquille dans le discours social des années 1970 au Québec (FRQSC, 2015-2018). Il a récemment fait paraître Remettre à demain. Essai sur la permanence tranquille au Québec (Boréal, 2014) et Une révolution dans l’ordre. Une brève histoire du duplessisme (Boréal, 2018).

Texte de l'invité

Un événement sans réelles incidences sur le destin du Québec : pendant la campagne référendaire de 1980, René Lévesque visite le Club de l’âge d’or de Mascouche. Le quotidien La Presse en rend néanmoins compte dans son édition du 15 mars 1980 : « À cet auditoire souvent distrait de personnes âgées, [René Lévesque] a parlé de Maurice Duplessis, “le premier ministre québécois qui a crié jusqu’en 1959 pour qu’Ottawa rende au Québec son « butin » et qui est finalement mort sans que son rêve ne se réalise…” » Ce n’était pas la première fois que l’homme politique convoquait son prédécesseur : lors du dévoilement de la statue de Duplessis dans les jardins du Parlement, le 9 septembre 1977, Lévesque, disant départager le bon grain et l’ivraie, acceptait une partie du legs :

On nous permettra en revanche de ne pas blâmer ce lointain premier ministre d’avoir par exemple aidé et de tout son cœur la classe agricole, d’avoir travaillé et selon ses lumières à accélérer le développement économique du Québec, d’avoir réussi à force de poignet politique à faire baisser de quelques % la taxation fédérale alors exorbitante au Québec, ou d’avoir déclaré dans un discours de janvier 1938 : la Confédération a consacré le principe de l’autonomie provinciale parce que chacune des provinces possédait sa mentalité et son autonomie propres. Nous voulons bien collaborer avec les autres mais nous entendons faire respecter notre autonomie. Nous voulons être maître chez nous.